La technologie Blockchain s’invite dans le secteur de l’énergie

Mais où va-t-elle s’arrêter ?! Après les secteurs financiers et bancaires, le commerce ou la santé, la technologie Blockchain compte bien se faire une place dans le secteur de l'énergie. Pour gérer une production et une distribution d’énergie de plus en plus décentralisées, la Blockchain se positionne comme l’outil algorithmique incontournable. À quand remonte la première incursion de la Blockchain dans le secteur de l'énergie ? Quels en sont les usages ? Focus sur les avantages et limites de cette technologie.

Sommaire

La Blockchain, c’est quoi ?

La Blockchain (ou « chaîne de blocs ») est une technologie sécurisée de stockage et de transmission d’informations sans organe de contrôle. Née en 2008, et popularisée grâce au BitCoin, la Blockchain est une base de données décentralisée intégrant l'historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création.

Elle peut être utilisée pour échanger de la monnaie numérique mais aussi pour d'autres transferts d'actifs (titres, actions, obligations). Elle peut aussi être exploitée en tant que registre ou application de smart contracts (des programmes autonomes qui exécutent les conditions et termes d'un contrat).

La (brève) Histoire de la Blockchain dans le secteur de l'énergie

Tout commence avec le SolarCoin (SLR) en 2014, une devise virtuelle dont le cours est indexé à la production d'électricité issue de l'énergie solaire. La Fondation SolarCoin, à l’origine de la monnaie, rétribue les producteurs (particuliers ou entreprises, propriétaires ou investisseurs) d’énergie solaire participant au projet.

Comment ? Les panneaux photovoltaïques sont équipés de capteurs qui envoient dans la Blockchain les quantités d’électrons produites valant leur pesant de SolarCoin. Chaque acteur du projet détient un portefeuille électronique sur lequel le vendeur transfère une adresse composée de chiffres et de lettres. Une fois la réception de la monnaie approuvée, le client n’a plus qu’à transférer le montant à régler vers cette adresse.

En plus de la garantie d’origine et de l’encouragement des initiatives de production d’électricité à partir d’énergie solaire, le dispositif a pour vocation de faciliter l’autoconsommation locale. D'autres monnaies électroniques et tokens dédiés à l'énergie ont récemment été lancés à cet effet, comme Grid+, Power Ledger ou Solar Bankers.

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Mieux gérer l'accès aux données énergétiques

La gestion des droits d'accès aux données énergétiques doit répondre à deux enjeux majeurs : sécurisation, mais également accessibilité et manipulabilité des données personnelles. Dans un contexte de production d'électricité hors du réseau traditionnel, il faut donc désormais :

  • organiser les transferts et le partage d'énergie localement ;
  • gérer des transactions financières associées ;
  • certifier l'origine de la production.

Des missions que peut remplir la technologie Blockchain appliquée au secteur énergétique.

Par exemple, dans des copropriétés avec des capacités de production et de consommation d'énergies renouvelables, la Blockchain permet de maîtriser les différents niveaux d'autorisation d'accès et conserver leurs historiques. Autre usage possible : avoir recours à la Blockchain pour mesurer et organiser ces flux d’énergie. Une solution plus efficace que faire appel à un tiers de confiance extérieur, qui peut coûter cher aux utilisateurs et s'avérer disproportionné.

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Accompagner l'essor des microréseaux

Le marché des microréseaux de production, d'échange et de revente des énergies renouvelables (solaire et éolien) est amené à connaître une croissance démesurée au cours des 10 prochaines années. Ici, les producteurs et consommateurs d'énergie renouvelables (entreprises, particuliers, administrations) peuvent s'échanger à prix coûtant l'électricité qu'ils produisent ou dont ils ont besoin.

La Blockchain intervient à ce niveau en mettant en application des « smart contracts ». L'offre et la demande de chaque acteur du réseau de production d'énergie sont ainsi gérées de manière autonome et automatique. En parallèle, la Blockchain, intégrée à un ensemble de capteurs, consigne tous les flux entrants et sortants d'énergie.

Quel rôle dans la traçabilité de l'énergie ?

Autre enjeu lié à l'utilisation de la Blockchain dans le secteur de l'énergie : certifier l’origine de la ressource énergétique. En plaçant des capteurs dans les lieux de production d'énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique), il est possible de déduire la quantité d'électricité verte produite et de l'inscrire dans une Blockchain dédiée proposant un smart contract.

Ainsi, la Blockchain pourrait venir se substituer au registre national des garanties d’origine de Powernext. On peut même imaginer qu'à terme, les smart contracts d’énergies renouvelables permettront à certains particuliers de composer leur propre mix énergétique en fonction de leurs aspirations.

Toutes les expérimentations en cours sur l'intégration de la Blockchain dans le secteur de l'énergie ont pour objectif de mesurer la rentabilité du processus et de réduire sa demande en puissance de calcul. Dans son dernier rapport intitulé « Deep Shift: Technology Tipping Points and Societal Impact », le Forum économique mondial (FEM) a déclaré que, d'ici dix ans, 10 % du PIB mondial sera documenté et exécuté par une forme de processus de type Blockchain. Il n’y a plus qu’à attendre, donc !

Source image à la Une : Pxhere – Domaine Public