Prix du gaz : à quoi s'attendre suite à la crise dans la mer rouge

La crise au Moyen-Orient et les attaques répétées des rebelles Houthis dans le détroit de Bab al-Mandab au large du Yémen ont poussé un certain nombre d’armateurs à contourner la zone. Devant contourner l’Afrique pour rejoindre la Méditerranée, il est légitime de se demander l’impact que cela peut avoir sur les prix du gaz naturel. Le MaGAZine s’est penché sur la question…

D’où vient le gaz naturel que nous consommons dans l’UE ?

Le Gaz Naturel que nous consommons en Europe est acheminé à la fois par gazoducs et par navires méthaniers, transportant du Gaz Naturel Liquéfié (GNL). Dans le contexte actuel, seuls les méthaniers sont affectés. 

Les principaux pays exportateurs de GNL vers l’Europe sont les États-Unis (42% du GNL utilisé en Europe), la Russie (13,2%), le Qatar (13,1%), L’Algérie (6,7%) et la Norvège (6,6%).

Le GNL qatari temporairement moins accessible ?

La position géographique du Qatar pose, dans le contexte actuel, un véritable problème. Le GNL représentant environ 50% du gaz naturel utilisé dans l’UE, ce sont entre 6 et 7% de gaz naturel qui manquent à nos approvisionnements si les méthaniers ne peuvent plus atteindre le canal de Suez.

Les méthaniers qataris devront faire le tour de l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance pour pouvoir décharger leur cargaison en Europe. C’est beaucoup plus long et c’est plus cher (notamment pour des raisons d’assurances et transport). Au moins trois méthaniers ont pour le moment décidé de prendre la route du sud. Autrement dit, on pourrait devoir attendre plus longtemps que prévu pour recevoir 3 TWh de GNL. Mais beaucoup d’autres pourraient suivre.

Comment compenser en attendant ?

L’Union Européenne dispose de belles réserves de gaz naturel actuellement (88,69% de ses capacités totales, soit approximativement 1000 TWh de gaz naturel). Mais le problème pourrait résider plutôt dans sa capacité à livrer les quantités nécessaires pour compenser le déficit temporaire de GNL.

L’ensemble des infrastructures de stockages européennes sont capables d’injecter dans le réseau un peu plus de 20 TWh par jour. En ce moment, nous sommes entre 3 et 6 TWh par jour, mais les températures sont plutôt clémentes. Tout pourrait s’inverser avec une augmentation de la demande en Europe suite par exemple à un retour des températures aux normales de saison.

Puisque la situation ne pourrait devenir problématique que si les températures baissaient au point qu’on ne puisse plus injecter les quantités nécessaires dans le réseau, il convient de regarder deux choses : Le temps que vont mettre les méthaniers à faire le tour de l’Afrique (environ 15 jours) et le temps que mettra la coalition conduite par les Américains à rétablir la sécurité aux portes de la Mer Rouge. Les achats spot de GNL pourraient pousser à la hausse les prix afin de garantir la sécurité d’approvisionnement.

Nous ne manquerons pas d’y revenir la semaine prochaine dans la Weekly.