L’H2 peut-il décarboner à lui seul l’industrie mondiale ?

En matière de transition énergétique, si on veut se montrer “réaliste” il faut bien comprendre qu’il n’existe pas de solutions “miracles”. Et si on doit reconnaître une chose aux forces vives qui construisent la filière hydrogène de demain, c'est qu’ils en ont pleinement conscience et s'efforcent de tempérer les attentes. L’H2 ne sera jamais capable de décarboner à lui seul l’industrie mondiale. Mais pourquoi ?

Les espoirs portés par l’hydrogène

L’H2 a pris rapidement une place importante dans les discussions portant sur la transition énergétique, au point, de susciter parfois des attentes déraisonnables. Mais pourquoi ?

Quand il est brûlé, l’hydrogène ne rejette pas de CO2 ce qui en fait une énergie verte à partir du moment où il est produit à partir d’énergie renouvelable. L’H2 pourrait ainsi, dans un monde idéal, venir remplacer le gaz naturel ainsi que servir de carburant pour toutes sortes de véhicules (voitures, camions, avion, trains, bateaux…). Enfin, il est théoriquement possible de modifier le réseau gazier existant pour y faire circuler l’hydrogène à travers l’Europe et dans presque tous les recoins de l’hexagone.

Mais toutes ces bonnes nouvelles souffrent de la réalité…

Des espoirs à nuancer

Afin de bien comprendre ce que représenterait la décarbonation d’un pan de l’économie mondiale par l’hydrogène, prenons l’exemple de l’industrie. Quelles seraient les implications d’un passage de l’ensemble de l’industrie mondiale à l’H2 ?

Aujourd’hui nous consommons 90 Millions de tonnes d’H2 par an à l’échelle mondiale.

Pour décarboner toute l’industrie mondiale, il nous faudrait environ 600 millions de tonnes d’H2 par an…

Ce qui impliquerait d’une part de doubler la production mondiale d’électricité… Mais aussi que ce doublement ne se fasse qu’avec des énergies vertes ! Cela donne une idée du challenge.

Dans la réalité, nous n’assisterons pas à un tel scénario mais nul ne peut dire si les promesses de l’H2 parviendront à convaincre les États et le secteur privé à poursuivre les efforts monumentaux nécessaires à son développement, tels que la construction d’hydrogénoducs en Europe, ou des projets de productions au Moyen-Orient. L’avenir de l’approvisionnement en hydrogène de l’Europe passera nécessairement par un compromis entre indépendance énergétique et accès à de l’h2 importé depuis des zones disposant de surfaces de production d'énergies  renouvelables importantes.