Le GNL revient en Europe

En Asie, les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) ont largement chuté en l’espace de six mois. Conséquence : les livraisons de GNL ont repris en Europe, notamment via le terminal méthanier de Fos-sur-Mer, dans le Sud de la France. Explications.

 

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Baisse des réexportations

En Asie, le GNL baisse. Une première depuis deux ans : le prix élevé du gaz naturel liquéfié en Chine, en Corée du Sud ou au Japon détournait jusqu’à présent le tiers des livraisons prévues sur l’Europe, entraînant de nombreuses réexportations. L’hiver doux qu’a connu le continent et un relatif ralentissement économique ne suffisent pas à expliquer cette baisse de prix. Il s’agit aussi de la combinaison de trois facteurs :

Tout d’abord, la croissance de la demande liée à l’arrêt des centrales nucléaires japonaises après la catastrophe nucléaire de Fukushima a, sinon disparu, fortement ralenti. Ce qui est logique, après avoir absorbé jusqu’à 7 % de la production mondiale de GNL !

Ensuite, la plupart des contrats long terme signés en Asie sont indexés sur les prix du pétrole - lequel a perdu plus de 50 % de sa valeur en six mois.

Enfin, le prix du gaz naturel liquéfié sur le marché spot (où le gaz s'achète au jour le jour et dont le prix est fixé dans l'instant) a dégringolé - du fait notamment du ralentissement économique et de la douceur de l’hiver qui ont pesé sur la consommation de gaz en Asie - pour ne pas dépasser celui pratiqué en Europe.

D’importantes conséquences en France

Pendant ce temps, sur le Vieux Continent, le prix du GNL est resté stable. Les Pays-Bas ont, par exemple, réduit leur production sur leur champ de Groningue après une série de secousses sismiques dans cette zone. Les vendeurs se sont alors à nouveau tournés vers ce marché. La baisse des réexportations - c’est-à-dire des livraisons initialement prévues vers l’Europe finalement acheminées vers l’Asie -  n’est pas sans conséquence pour l’Hexagone. Positives, bien souvent : les industriels du Sud du pays, proches de Fos-sur-Mer - où arrive en partie le GNL - ont profité d’un “effet d’aubaine”. Les prix pratiqués ont ainsi baissé, notamment suite au réapprovisionnement des stocks souterrains. Il faut dire que lorsque l’arrivée de GNL à Fos est insuffisante - quand les prix en Asie sont élevés notamment -, ils souffrent particulièrement de la congestion du réseau qui relie le Nord et le Sud du pays, laquelle entraîne une véritable flambée des prix sur la zone Sud. Cela peut-il durer ? Tout dépendra notamment des prix du pétrole. S’ils repartent à la hausse, le GNL s’en ira de nouveau vers l’Asie, terre de contrats indexés sur le baril de brut. S’ils restent assez bas, les expéditions de  gaz naturel liquéfié se stabiliseront vers  l’Europe. Mais l’Histoire montre que des événements imprévisibles peuvent aussi avoir des conséquences directes sur ce marché.