Biométhane et Compensation Carbone : le duel

Alors que la réduction des émissions de gaz à effet de serres est devenue un enjeu majeur pour bon nombre d’acteurs économiques, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver entre les solutions disponibles. Certaines viennent remplacer une énergie existante, d’autres consistent à financer des projets de décarbonation afin d’annuler ses propres émissions. Comment choisir ses initiatives pour accomplir ses objectifs ? Le MaGAZine fait le point.

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Se poser les bonnes questions

Pour déterminer quelles sont les solutions qui répondront le mieux à vos enjeux environnementaux, il faut vous poser la question du “pourquoi”. Au-delà d’un intérêt sincère (ou encore un peu hésitant) pour la protection de l’humanité en tant qu’espèce, il est possible de s’interroger sur ses objectifs prioritaires.

Préférez-vous miser sur la quantité pour présenter un bilan neutre en carbone ou préférez-vous prendre le risque de valoriser vos efforts afin de raconter l’histoire de VOTRE transition énergétique étape par étape ?

Cette volonté politique de faire pour être efficace ou de faire pour être raconté va complètement bouleverser les actions qui pourraient être recommandées. Pour illustrer cette idée, arrêtons-nous un peu sur deux solutions vertes bien connues : le biogaz et la compensation carbone.

Présentation des challengers

Le biogaz, c'est du méthane (CH4) produit par la transformation de matériaux organiques (animaux ou végétaux) dans de grandes cuves appelées méthaniseurs. Une fois produit, le gaz est injecté dans le réseau et un volume de Garanties d’Origines Biogaz est créé. Ce dernier est remis à l’entreprise qui possède le méthaniseur et peut être remise sur le marché sur une plateforme dédiée. Le biogaz ne rejette pas moins de CO2 que le gaz naturel une fois brûlé, mais il a l’avantage d’avoir capté son propre CO2 peu de temps avant

Plante cultivée captant du CO2 → Déchet végétal → Méthanisation → CH4 → Rejet du CO2

Ainsi, nous pouvons le considérer comme étant proche de la neutralité carbone.

La compensation carbone n’est pas une énergie, et n’a rien à voir avec le système des quotas carbone. Il s’agit du nom de la démarche consistant à financer des projets de captation de CO2 ou le financement de projets visant à éviter d’en émettre. Dans les deux cas, le fait de financer permet d’obtenir des certificats prouvant que vous avez compensé un certain volume de CO2 et vous pouvez vous appuyer sur ces derniers pour justifier de la neutralité carbone de votre activité.

Quantité/prix, le biogaz au tapis.

Il n’existe pas de prix indicatif pour la compensation carbone. Le prix que vous allez payer va dépendre du projet que vous allez indirectement financer. Un projet d’évitement d’émissions telles que le traitement de déchets d’une décharge à ciel ouvert à l’autre bout du monde va générer la compensation d’une tonne de CO2 pour un prix réduit alors que la plantation de forêts dans des zones difficiles d’accès sous la supervision d’un label internationalement reconnu peut rapidement faire monter la note. On parle ici d’un rapport de 1 à 10, voir davantage dans certains cas.

Pour ce qui est du biométhane, la situation est relativement plus lisible. Il existe deux marchés. Le marché primaire et le marché secondaire. On parle d’accès au marché primaire quand on possède l’unité de production de biométhane ou qu’on a la capacité d’acheter directement auprès du producteur. Si vous n’avez pas cette carte en main, vous pouvez également accéder au marché secondaire pour y acheter des GO au prix du marché à un souvent plus élevé.

Les volumes de biométhane injectés ont beau progresser chaque année, le prix des garanties d’origines demeure bien plus élevé que celui de la compensation carbone une fois tout ramené au MWh. Et cela reste vrai même si on décide d’opter pour des certificats du haut du panier.

Ainsi, choisir le biométhane aujourd’hui, plutôt que la compensation carbone, est une démarche volontaire qui ne repose pas purement sur une logique de réduction de ses émissions. Participer au développement de la filière biométhane, c'est bien plus que ça. C’est participer à une tentative de diversification de nos approvisionnements énergétiques tout en dynamisant l’économie rurale.