Aura-t-on un prix du gaz négatif cet été ?

Si vous êtes abonnés à la Weekly, vous savez que le prix du gaz évolue chaque jour, impacté par un certain nombre de drivers tels que la température, le prix de la tonne de CO2, le cours du Brent ou le niveau de remplissage du stockage. Il y a quelques semaines, le baril de pétrole aux Etats-Unis a connu un prix négatif. Une telle situation pourrait-elle également se produire pour le Gaz Naturel en Europe ? Certains traders ont avancé récemment cette idée mais regardons calmement la situation.

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Les pics et les chutes ne sont pas réservés au pétrole.

Le Gaz Naturel a connu par le passé des situations exceptionnelles au cours desquelles le prix a pu s'effondrer ou exploser. Commençons par un cas de chute de prix.

En 2006, la Norvège mettait en service en Gazoduc à destination de la Grande-Bretagne. Cette nouvelle infrastructure a permis l'afflux de Gaz Naturel vers les Îles Britanniques et renforcé considérablement l’offre. La demande restant stable les prix ont connu une forte baisse jusqu’à atteindre des prix négatifs sur le marché de gros.

En 2018, l’Europe a connu pendant l’hiver une vague de froid très importante. La demande de Gaz Naturel a bien évidemment explosée et les capacités de stockages existantes ne permettaient pas d’y répondre. Et comme un malheur ne vient jamais seul, l’offre de GNL apportée par bateaux méthaniers était très insuffisante. Résultat, les prix ont explosés pour atteindre des niveaux records.

Le prix du gaz naturel au cours de ces derniers mois

2020 est une année particulière a bien des égards.

Déjà, l’hiver a été particulièrement doux et la consommation de Gaz Naturel en a été fortement impactée. C’est ce qui a causé la première baisse de prix.

Puis la crise sanitaire du Covid-19 a fait son apparition en Europe, provoquant l’arrêt de pans entiers de l’économie dans plusieurs pays. La France a été à l’arrêt quasi total à partir du 15 mars ce qui a fortement réduit la demande de gaz et renforcé la tendance baissière du prix de ce dernier.

Enfin, comme si ça ne suffisait pas, ces dernières semaines, de nombreux bateaux méthaniers chargés à blocs de GNL ont décidé de quitter les Etats-Unis, les soutes pleines, pour rejoindre les côtes Européennes, surchargeant à leurs tours les capacités en Gaz de la région. La conjonction de ces 3 facteurs a permis au prix du gaz naturel d’atteindre des niveaux historiquement bas…

Des prix négatifs sont-ils à envisager ?

Il existe en effet de vraies raisons de penser que le prix du gaz puisse continuer à baisser jusqu’à atteindre des niveaux négatifs. En effet, l’été et ses températures ne vont pas jouer en faveur d’une plus grande consommation de Gaz Naturel… Les capacités de stockages fin mai sont plus remplies que l’année dernière. Ce qui ne laisse que très peu de marge pour stocker le surplus jusqu’en Septembre et le retour de températures fraîches… Des prix négatifs pourraient être enregistrés en août.

En revanche, on voit que la consommation est relancée en Asie et la reprise progressive des économies un peu partout dans le monde suggère que la demande pourrait repartir à la hausse. De plus, les producteurs de Gaz Naturel disposent de capacités de stockages très importantes leur permettant d’enfouir du gaz dans d’anciens gisements pour pouvoir les soutirer au moment où le monde en aura besoin. Enfin le fait que l’OPEP décide de stopper l’exploitation de certains puits pourrait contribuer à une réduction de l’offre de gaz (le gaz étant parfois présent dans les puits pétroliers), ce qui pourrait tirer les prix vers le haut.

Pour conclure, il est intéressant de regarder quelle sera la réaction des producteurs de Gaz Naturel dans les prochaines semaines… Comment vont-ils gérer le surplus d’offre ? Iront-ils jusqu’à stocker tout ce qui circule dans les gazoducs aujourd’hui et opter pour une solution plus flexible reposant sur le GNL ? Le temps nous le dira, mais soyez sur que le MaGAZine fera le nécessaire pour vous tenir informés de l’évolution de la situation !