L’influence du taux de change euro/dollar sur le prix du gaz
Le taux de change euro / dollar, comme de nombreux facteurs, est susceptible d’impacter le prix du gaz. À l’origine de cette fluctuation : l’achat du pétrole et du charbon s’effectue en dollars alors que le gaz s’achète en euros sur le marché français. On vous aide à comprendre les subtilités de cette donnée.
Les rouages du taux de change
Le taux de change : définition et contexte
Le taux de change représente la quantité d’une devise étrangère que l’on peut acquérir avec une unité d’une autre monnaie. Pour faire simple, 1 euro équivaut à environ 1,10 dollar américain, et 1 dollar américain vaut 0,91 euro. Mais ce taux de change est en perpétuelle évolution : c’est ce que l’on appelle le cours de l’euro, et le cours du dollar.
La place du taux de change sur le marché du gaz
En Europe, le charbon est acheté en dollars sur les marchés alors que le gaz naturel s’achète en euros. Aussi, les producteurs d’électricité sont parfois amenés à arbitrer : utiliser du charbon ou recourir au gaz naturel ? Bien évidemment, c’est le coût de chaque option, à l’instant T, qui pèsera dans la balance.
Si l’euro recule face au dollar – c’est-à-dire si le taux de change est désavantageux – un producteur d’énergie européen aura toutes les raisons de privilégier le gaz naturel au charbon. Résultat : la demande en gaz naturel augmente, contribuant ainsi à son inflation, tirant les prix vers le haut.
Le mécanisme du prix du gaz
Du gaz naturel acheté en euros
Les producteurs d’énergie européens achètent du gaz sur le point d’échange virtuel TTF (Title Transfer Facility). Créé en 2002 aux Pays-Bas, il a supplanté (en 2014) le marché britannique en volume de transactions traitées. Aujourd’hui, le TTF s’impose comme LA référence des marchés gaziers européens, désignant ainsi l’euro comme unité monétaire de référence pour l’achat de gaz naturel en Europe.
Le charbon se paye en dollars
En Europe, le charbon peut être acheté de gré à gré (en direct entre les deux parties) ou sur certains marchés.
Cette énergie étant la plus répandue à l’international – avec le pétrole –, elle se commercialise en dollars. Un argument appuyé par le fait que la principale base de marché du charbon est le NYMEX (pour New York Mercantile Exchange). Naturellement, compte tenu de la localisation, les transactions y sont réalisées… en dollars.
Le mix électrique européen
Les entreprises qui produisent de l’électricité en Europe doivent choisir leur « mix électrique ». En d’autres termes, elles doivent décider de l’origine de l’électricité qu’elles vont produire :
- nucléaire,
- éolien,
- solaire,
- gaz,
- charbon.
Si le gaz naturel a l’avantage d’être moins polluant que le charbon, le critère principal reste le prix. Par ailleurs, l’éventualité qu’une entreprise ait besoin de recourir à ces deux dernières sources est plus forte qu’il n’y paraît – notamment lorsque le vent ou l’ensoleillement est insuffisant.
Focus sur la consommation d’énergie en Europe
En 2020, le pétrole est l’énergie la plus consommée en Europe (34 %), suivi du gaz naturel (25 %) et du charbon (12 %). Si la France utilise très peu de charbon, ce n’est pas le cas de certains de nos voisins comme l’Allemagne ou la Pologne.
Le coût du taux de change pour les producteurs de gaz
Quand l’euro est fort face au dollar
Lorsque l’euro est fort face au dollar, l’achat de charbon est simplifié, et donc privilégié. Conséquence ? Les producteurs d’électricité auront tendance à rouvrir (en partie) les centrales à charbon pour profiter de l’opportunité de ce taux de change favorable. Attention, cela vaut si la demande est telle qu’il n’y a pas besoin d’utiliser toutes les centrales disponibles pour y répondre.
Ainsi, si les producteurs d’électricité préfèrent le charbon au gaz naturel, la demande en gaz diminue, tirant son prix vers le bas.
Quand l’euro est faible face au dollar
À l’inverse, lorsque l’euro est faible face au dollar, le charbon devient plus cher pour les producteurs d’énergie européens. Ces derniers auront ainsi tendance à lui tourner le dos et préférer le gaz naturel. Cela créera une forte demande en gaz naturel, et donc une hausse du prix de ce dernier.
Un taux de change en défaveur de l’euro peut contribuer à l’augmentation du prix du gaz en France et en Europe. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : cette conséquence n’est pas systématique. D’où l’importance d’adopter des solutions durables en prenant en compte des paramètres souvent volatils !