[Interview] « Les entreprises doivent se saisir de la question du solaire »

Pascal Pénicaud, directeur général de Tenergie, revient pour le maGAZine sur le développement de l'énergie solaire en France. Il évoque également les activités de son entreprise, 6e sur le marché solaire français.

Sommaire

Pouvez-vous nous présenter Tenergie ?

Nous sommes producteurs d’énergies renouvelables depuis 2008, basés à Aix-en-Provence. Aujourd’hui, nous exploitons plus de 600 centrales solaires et 2 parcs éoliensen France. Notre activité se concentre à 90 % sur le marché français. Nous comptons pas moins de 60 collaborateurs, qui nous permettront d’atteindre un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros en 2018.

Quelles sont les principales motivations de vos clients ?

Avant 2016, et la mise en place de la parité réseau, les motivations de nos clients, qui sont d’ailleurs des entreprises, des collectivités et des agriculteurs, était principalement financières.

Avec l’entrée en compétitivité de l’énergie solaire, leur état d’esprit a changé. Leur volonté est désormais de rentrer dans une démarche vertueuse en bénéficiant d’une énergie locale, participative et inclusive. Le solaire répond pleinement aux politiques RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de nos clients.

Globalement, quels sont les modèles de financement de ces projets ?

Se financer, c’est le réel défi de la transition énergétique. Le premier levier de financement est l’Europe qui fédère des opérateurs ayant des capacités d’investissement très importantes. Le Plan de développement des énergies renouvelables pour 2030 prévoit d’investir 26,5 milliards d’euros en région PACA, par exemple.

Le recours aux banques nationales, régionales ou mutualistes, qui portent des engagements importants pour développer l’attractivité régionale, est aussi à considérer. Ces banques développent notamment des financements sur des durées très longues qui répondent aux contraintes des projets liés au solaire.

Enfin, on peut avoir recours au financement participatif. On propose aux citoyens d’investir pour leur région auprès d’opérateurs ou de banques afin d’accélérer le déploiement de l’énergie solaire. Grâce à nos interventions dans des sociétés et médias locaux, on constate que les habitants souhaitent devenir acteurs de leur région. Cette démarche s’inscrit dans les actions liées à l’économie circulaire et aux circuits courts. En retour de leur participation, nous leur proposons en moyenne une rentabilité à hauteur de 4,5 % sur une durée de 4 ans.

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Constatez-vous des particularités régionales dans les approches du marché des énergies renouvelables ?

Historiquement, et particulièrement depuis 2006, nous avions une politique nationale très uniforme en termes d’énergies renouvelables, mise en action par les autorités publiques, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et les grands acteurs comme EDF. Les appels d’offres ne répondaient pas à des spécificités régionales.

Avec la loi de Transition énergétique pour la croissance verte de 2015 et la parité réseau instaurée en 2016, toutes les strates territoriales se sont saisies de la question du solaire. Cette prise de conscience de l’importance du solaire pour le développement économique local engendre une multiplication des appels d’offres locaux. Par exemple, en Occitanie, la présidente, Carole Delga, convaincue que le solaire est synonyme d’attractivité, développe une politique volontariste pour propulser l’énergie solaire. Ces initiatives commencent dans le Sud de la France et vont remonter progressivement vers le Nord.

Quels sont d’ailleurs les prérequis pour qu’un territoire se lance dans l'énergie solaire ?

Les spécificités prises en compte sont le taux d’ensoleillement, la mobilisation des acteurs locaux et la contrainte foncière. Je pense que c’est avant tout une question de mobilisation des acteurs politiques locaux. La force de leur parole va permettre de convaincre et sensibiliser les citoyens et les entreprises aux atouts écologiques et économiques du solaire.

À court et moyen termes, l’Île-de-France et les Hauts-de-France se seront également saisis de la question. Compte tenu des différentes manières de valoriser l’énergie solaire, on peut dire qu’elle va réussir à se positionner partout.

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Quelles sont les perspectives de développement de Tenergie ?

Les perspectives sont nombreuses car nous sommes au début du développement du solaire en France. Avec les lois cadres du mix énergétique français, il est prévu que 40 à 50 gigawatt-crêtes (GWc) soient installés d’ici 15 ans, contre 10 GWc actuellement.

Le solaire va également devenir un enjeu fort pour le développement des entreprises. Nous sommes dans une période transitoire où il est nécessaire de faire de la pédagogie auprès des entreprises et montrer clairement tous les avantages du solaire.

À l’échelle du territoire, notre ambition est de devenir un partenaire clé des institutions et opérateurs privés contribuant au développement de leur région grâce à l’énergie solaire. Récemment, nous avons signé un partenariat avec le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne pour investir et développer de nouveaux projets. Notre ambition est de nous concentrer sur l’énergie solaire, et notamment sur le segment de marché des panneaux photovoltaïques en toiture et des ombrières, car nous sommes persuadés des avantages du double usage du foncier.

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