Hiver 2017 : le risque d’une pénurie de stockage de gaz naturel existe-t-il vraiment ?

Les opérateurs gaziers (Storengy, GRTgaz et TIGF) sont unanimes et tirent tous la sonnette d’alarme : l’approvisionnement en gaz naturel du territoire français pourrait être compromis en cas de grand froid l’hiver prochain. Pourtant, les fournisseurs estiment que d’autres solutions permettent d’assurer cette sécurité hivernale. Ils réclament une réforme de cet approvisionnement. Où en est-on aujourd’hui ? Quelles sont les conséquences à craindre ? Le maGAZine fait le point.

Sommaire

◊ Stockage : les différents types d’usage ◊

Que se passe-t-il concernant le stockage de gaz naturel ?

C’était le 12 avril dernier, dans un communiqué. Storengy, filiale d’Engie spécialisée dans le stockage souterrain de gaz, était le premier à s’inquiéter du trop faible niveau des réservations de stockage de gaz naturel par les fournisseurs.

Nous pensons qu’il y a un vrai risque pour l’hiver prochain, expliquait ainsi Cécile Prévieu, directrice générale de Storengy, durant une conférence de presse. Pour Storengy, il n’a été souscrit que 42,7 TWh sur 102, c’est-à-dire moins de la moitié. C’est très faible. Aujourd’hui, si on reste comme ça, ce ne sont pas les stockages qui permettront d’assurer la continuité de fourniture, y compris des particuliers en France.

Trois mois plus tard, le constat reste inchangé : le stockage souterrain de gaz naturel est à un niveau très faible. Ainsi, pour GRTgaz et TIGF, le niveau des souscriptions de stockages atteint aujourd'hui péniblement les 80 TWh pour l'hiver 2017. C’est peu : les capacités souscrites en prévision des trois hivers précédents s'élevaient à plus de 110 TWh !

◊ La sécurité d’approvisionnement du gaz naturel en France

Comment expliquer ce risque de crise d’approvisionnement ?

L’hiver dernier, et malgré des centrales qui tournaient à plein régime et des interconnexions avec les pays voisins saturées, plusieurs alertes avaient été émises par les opérateurs gaziers. La situation semble donc se reproduire cette année. L’explication ? Elle semble avant tout financière...

En effet, jusqu’à présent, les fournisseurs remplissaient leur obligation d’assurer la sécurité d’approvisionnement du pays en gaz naturel via le stockage, et amortissaient le coût élevé de la constitution de ce stockage de gaz naturel en jouant sur l’écart de prix entre l’été et l’hiver. Durant la belle saison, ils achetaient du gaz, pour le revendre sur le marché spot plus cher une fois le froid revenu. Sauf que l’écart de prix entre les deux saisons s’est largement resserré. Ce qui ne permet plus de couvrir les coûts inhérents au stockage de gaz naturel…

Comment fonctionne le processus d’allocation des capacités de stockage ? ◊

Le point de vue des fournisseurs

Les fournisseurs de gaz naturel ne sont, en revanche, pas tout à fait du même avis que les infrastructures de stockage classiques. Ils estiment en effet que d’autres dispositions permettent aujourd’hui d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en France pour l’hiver 2017 :

  • les stocks souterrains de gaz naturel dans d’autres pays de l’Union européenne, les opérateurs gaziers nationaux ne prenant en compte que les stockages sur le sol national ;
  • les stocks de GNL dans les terminaux méthaniers, en France ou dans un autre pays de l’Union européenne ;
  • les capacités de production de gaz naturel non utilisées actuellement, qui pourraient être mobilisées en cas de crise de l’approvisionnement

De plus, les fournisseurs ont encore le temps de se plier à leurs obligations de stockage, de l’aveu même des opérateurs. De quoi être quelque peu rassuré !

◊ Que peut-on espérer de la future réforme du stockage ? ◊

Une réforme du stockage salutaire ?

Si le stockage est insuffisant, en tout cas dans sa définition actuelle, c’est aussi parce que la réforme du stockage a pris du retard. Celle-ci doit en effet définir la façon dont seront prises en compte les demandes des fournisseurs, afin d’en réduire les coûts et de mieux les répartir entre les consommateurs. Ce qui entraîne, de fait, un décalage dans le remplissage de leur mission de stockage de gaz naturel par ces derniers : pourquoi devraient-ils se presser à satisfaire une obligation qui n’en sera plus une dans les prochaines semaines ?

Le stockage sera-t-il suffisant pour cet hiver ? Réponse dans quelques mois… Le maGAZine vous en reparlera !

Source de l'image à la Une : Pixabay (jill111)