Nord Stream : histoire de gazoduc

Le projet du Nord Stream est le plus ambitieux des dernières années dans le monde du gaz naturel : la construction du plus grand pipeline sous-marin du monde ! Traversant d’un bout à l’autre la mer Baltique et reliant Vyborg en Russie à Greifswald en Allemagne. C’est une prouesse technologique et humaine qui a nécessité plus de dix ans de réflexion et d’investissement pour être réalisée. Avec non pas un mais deux pipelines, cette nouvelle connexion de l’Est à l’Ouest de l’Europe assure une diversification des chemins d’approvisionnement. Retour sur ce pan de l’histoire des réseaux gaziers, qui a amené les plus grandes sociétés du gaz à se réunir autour d’un projet à l’ambition démesurée.

Sommaire

Petit précis d'histoire

Le Nord Stream est un rêve qui a pris de nombreuses années pour être imaginé et réalisé. Tout commence en 1997, au moment du rapprochement des sociétés Gazprom en Russie et Neste en Finlande pour créer North Transgas Oy. L’objectif de cette nouvelle société semblait irréalisable à l’époque : relier la côte ouest de la Russie au Nord de l’Allemagne. Un projet qui devait être mené avec l’aide la compagnie Ruhrgas.

Ce n’est qu’en 2005, et après trois années d’intenses négociations avec les pays traversés, que quatres sociétés ont signé un accord pour la construction: Gazprom (initiateur du projet et actionnaire à 51 %) , Wintershall (filiale de BASF), Nederlandse Gasunie et EON, rejoints en 2010 par GDF Suez. Des sociétés concurrentes qui se sont alliées pour rendre ce projet possible, et créer la société de construction et d’exploitation Nord Stream AG.

La construction, débutée avec l’entrée du pipeline sur la côte russe en décembre 2005 n’a été terminée qu’en 2011 à Lubmin en Allemagne. Si l’exploit technique de traverser la mer Baltique est déjà impressionnant, le projet est d’autant plus ambitieux qu’un second pipeline a été mis en service en octobre 2012.

Le Nord Stream en chiffres

Pour mieux appréhender l’envergure du projet et son impact sur le marché européen, il est nécessaire de prendre du recul. Voici une liste de quelques chiffres et informations qui donnent le tournis :

  • Le tracé du Nord Stream fait 1 224 kilomètres de long (plus long que la France du Nord au Sud !).
  • Il a coûté près de 9 milliards d’euros (en comparaison, le MEGAL, pipeline traversant l’Allemagne d’Est en Ouest, n’a couté "que" 634 millions).
  • Deux conduites acheminent 55 milliards de m3 de gaz par an, ce qui représente plus d’une fois la consommation annuelle en France.
  • Le gaz du Nord Stream traverse les eaux territoriales de cinq pays: la Finlande, la Suède, le Danemark, la Russie et l’Allemagne.  Autant dire les trois quarts de l’Europe !

Un canal majeur pour le réseau européen

Le Nord Stream est aujourd’hui devenu un pilier du réseau gazier européen, grâce à ses nombreux avantages :

  • Sa construction quasi intégralement sous-marine permet d’offrir une voie d’acheminement supplémentaire au Nord de celles présentes en Europe centrale.
  • Il permet une diversification des sources de gaz, en complément de pipelines venant du Nord de l’Europe (Norvège, Pays-Bas), ainsi que du GNL provenant du Qatar, du Nigéria, et d’Égypte, entre autres.
  • L’association de grandes sociétés du marché du gaz, telles que Gazprom et GDF Suez, assure une sécurité maximale de l’acheminement.

Source de l'image à la Une : Flickr (Brian Cantoni)