L’Europe termine l’hiver gazier avec plus de la moitié de ses stocks pleins

L’Hiver gazier arrive à son terme et les stockages en Europe se portent très bien ! Avec plus de 55% de ses stocks remplis actuellement, l’UE a atteint son objectif de passer l’hiver 2023 et de se mettre dans de bonnes dispositions pour passer l'hiver prochain sans gaz russe ou presque. Comment l’Europe a-t-elle pu finir l’hiver 2022-2023 avec de tels stocks de gaz naturel ? Pourquoi observe-t-on tant de disparités dans les niveaux de stocks des pays Européens ? Le MaGAZine a creusé pour vous  le sujet.

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Fin de l'hiver gazier et stocks à moitié pleins.

En temps “normal” les stocks européens finissent leur période de soutirage (la période hivernale au cours de laquelle nous devons sortir du gaz des infrastructures de stockage pour satisfaire la demande) aux alentours de 20-40%.

201726%
201820%
201940%
2020 (covid)55% 
202130%
202225%
202356%

Les stocks européens terminent cet hiver 2022-2023 remplis à près de 56% de leurs capacités maximales. Cette situation inattendue, si l’on se replace dans le contexte de mars 2022 ou suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, une certaine incertitude planait sur les approvisionnements autour de la question : comment se passer du gaz russe ?

Les quantités de gaz en provenance de Russie sont aujourd’hui très faibles, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Rappelons-nous de ceci : 

Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les importations de gaz russe n’ont pas cessé immédiatement. Elles ont graduellement reculé jusqu’à atteindre les niveaux que nous connaissons aujourd’hui d’environ 12%. En 2023, nous ne disposerons, a priori, que de ces 12% de gaz russe “résiduels” sur l’ensemble de l’année. L'Europe doit donc trouver (ou ne pas consommer) 1 500 TWh de gaz naturel qu’elle ne reçoit plus de Russie.

Pour ce faire, l’Europe a pu compter sur un afflux de GNL en provenance principalement des Etats-Unis. Un flux de GNL qui avait même augmenté avant le déclenchement du conflit alors que la tension à la frontière augmentait et que la Russie réduisait les livraisons en Europe prétextant vouloir remplir ses propres capacités de stockage en priorité.

En 2022, l’Europe a reçu des Etats-Unis plus du double de ce qu’elle recevait précédemment.

Sur le plan du GNL, l’Europe, qui a connu l’été dernier des niveaux de prix très élevés, s’est assurée que toutes les quantités de GNL disponibles pouvaient lui être livrées. Elle a pu compter en cela sur un allié inattendu dans ce contexte de tensions internationales : la Chine, qui était alors toujours soumise à une politique zéro Covid drastique l’incitant à revendre ses volumes de GNL souscrits à long terme mais inutilisés.

Enfin, cerise sur le gâteau, la chance était du côté du vieux continent. L’hiver dont nous venons de sortir était particulièrement doux. Cette météo favorable était annoncée et à considérablement contribué aux niveaux de stocks dont nous disposons aujourd’hui.

D’importantes disparités dans les réserves de gaz au sortir de l'hiver

Si nous regardons l’état des stocks des principaux pays impliqués dans le stockage de gaz naturel en Europe, on observe de fortes disparités entre la plupart des pays et la France. Contrairement à l’Allemagne, aux Pays-Bas, à l’Italie ou à l’Autriche, la France ne dispose plus que de 28,4% de ses réserves de gaz naturel fin mars 2023.

Pourquoi ? Parce qu’en Europe il n’y a pas un mais des prix du gaz naturel. La France par exemple dispose de son propre indice de prix, appelé sobrement PEG pour “Point d'Échange Gaz”. Le prix de référence Européen est, quant à lui, le TTF qui est basé en Hollande.

Alors qu’en temps normal, le PEG français et le TTF sont très proches l’un de l’autre, la crise énergétique a produit un phénomène tout à fait inattendu : la France qui disposait en 2022 de 4 ports méthaniers s’est retrouvée mieux approvisionnée qu’une partie de l’Europe. Ce qui a permis aux prix du PEG d’être en dessous du TTF

Davantage de contrats PEG ont été signés et il a fallu sortir le gaz des stocks afin de satisfaire cette demande européenne opportuniste.

Le fait de disposer de 56% de stocks à l’issue de l’hiver est sans aucun doute un énorme avantage pour préparer l’hiver prochain.Gardons nous d'oublier l’importance de la sobriété énergétique, demandée avec insistance par les différents gouvernements ainsi que l’hiver plutôt doux nous qui nous a permis de réduire les pointes de consommation. Le niveau de prix a également entrainé de la destruction de demande au niveau industriel dans certains pays.Pour toutes ces raisons, cet été Il y aura mécaniquement moins de gaz naturel à injecter. Les prix subiront une pression bien moindre à celle que nous avons connue l’année dernière. Toutefois, le MaGAZine s’efforcera de rester vigilant car rien n’est encore gagné comme nous l’avons montré en octobre dernier.