Les projets de LNG que l’Europe attend.

Alors que la crise énergétique frappe l’Europe de plein fouet, les pays du vieux continent s’organisent pour faire face aux difficultés. Le Gaz Naturel Liquéfié (ou LNG en anglais pour Liquified Natural Gas) est dans ce contexte une des options permettant de compenser l’arrêt des importations de gaz russe. Le LNG nécessite toutefois 3 éléments pour fonctionner : un gisement de gaz naturel adossé à une usine de liquéfaction, un navire méthanier et une usine de regazéification sur la zone de livraison. Le MaGAZine fait le point sur les projets en cours et sur leur capacité à jouer un rôle sur la crise énergétique actuelle.

Sommaire

Les projets de Liquéfaction

1) Extension au QATAR :

2ème plus gros exportateur de LNG au monde, le Qatar a prévu d'étendre encore ses capacités et ce dès 2023. Ce gros projet prévoit d’augmenter la production de LNG du pays de 32 milliards de tonnes par an ce qui correspond à 448 TWh de gaz naturel une fois regazéifié, soit près de 99% de la consommation annuelle française.

2) Le projet Driftwood LNG en Louisiane

De l’autre côté de l’Atlantique les Etats-Unis ne sont pas en reste avec des investissements massifs dans des projets de LNG donnant sur le golf du Mexique. C’est le cas du projet de Driftwood en Louisiane qui prévoit d'augmenter les capacités d’export US de 378 TWh par an, soit 83% de la consommation annuelle hexagonale.

3) Rio Grande LNG (Texas)

Toujours dans le golf du Mexique, un projet similaire, le Rio Grande LNG, prévoit d’augmenter les capacités d’export nord américaine d’environ 340 TWh. La dynamique des marchés mondiaux de gaz naturel suite à la reprise de l’économie mondiale post Covid justifiait à elle seule la viabilité de tels investissements mais la guerre en Ukraine est venue terminer de convaincre les plus réticents.

4) Tanzania LNG (Tanzanie)

Fait nouveau, des gisements sont identifiés en Afrique et le continent s’apprête à faire une entrée remarquée sur le marché du LNG. Forte d’une position relativement centrale sur les routes maritimes (entre l’Asie et l’Europe), la Tanzanie développe des infrastructures qui pourront permettre d’exporter à terme 350 TWh en 2028. 

5) Rovuma LNG (Mozambique)

Autre pays Africain et nouvel entrant dans le concert des nations productrices de LNG : le Mozambique. Tout comme la Tanzanie, le Mozambique occupe une position géographique intéressante que ce soit pour l’Europe ou pour l’Asie. 230 TWh devraient à terme pouvoir être exportés.

Les projets de regazéification en Europe

Face à la menace de pénurie, l'Europe a réagi avec force. Pas moins de 28 projets de terminaux méthaniers ont été lancés pour augmenter les capacités d’importation en LNG du vieux continent.

Fin 2021, les capacités de regazéification européennes étaient de 183 millions de tonnes par an (soit 2 200  TWh/an). Avec l’ajout de 4 300 TWh supplémentaires l’Europe multipliera par 3 ses capacités d’importation de LNG en moins de 4 ans.

Parmi les pays les plus actifs on trouve l’Allemagne qui passe d’une capacité nulle à 1 500 TWh/an. La Grèce, forte de sa proximité avec le canal de Suez et les champs dans la zone Méditerranée Est (Egypte/Chypre) se mue en porte d’entrée du LNG Qatari (et bientôt Africain) en Europe avec l’ajout de près de 800 TWh/an de capacité d’import supplémentaire. Côté Atlantique, L’Irlande se donne les moyens de contribuer à l’approvisionnement du Royaume-Uni avec l’ajout de 450 TWh/an de capacités d’importation.

L'Europe pour compenser la fin des exportations de gaz russe joue sur tous les tableaux. Le LNG est un de ses axes et les efforts sont massifs. Dans 4 ans les capacités d’importation européennes seront triplées et le marché mondial du LNG aura pris une toute nouvelle dimension. On aura assisté ces dix dernières années à une véritable globalisation du marché du gaz naturel. Le LNG prend toute son importance de part sa capacité à circuler sans contraintes d’un Océan à l’autre. Néanmoins c’est aussi le signe pour l’Europe que l’ère de l’énergie carbonée abondante et peu coûteuse est bel et bien terminée. L’Europe devra faire face à une molécule flexible ou se décider à prendre des contrats à long terme avec des producteurs de LNG.