L’approvisionnement en GNL : comment ça marche ?

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Il existe deux types d’approvisionnement en gaz : les gazoducs et les méthaniers. Dans le deuxième cas, le gaz est liquéfié pour être transporté puis repassé sous forme gazeuse pour être distribué et consommé. Comment ça marche ? Quel est l’impact sur le prix du gaz ? Faisons le point.

Le GNL : définition

Le GNL est un gaz naturel qui est liquéfié sur son port d’origine pour faciliter son transport à bord de méthaniers. Ce processus permet d’acheminer un volume de gaz plus important. Une fois arrivé à destination, il est déchargé sur des terminaux méthaniers qui s’occupent de sa gazéification. Ainsi, il peut être injecté dans le réseau, distribué puis consommé.

En France, l’approvisionnement en GNL est possible grâce à quatre terminaux méthaniers. Le premier a été mis en service en 1972 et le dernier, bien plus récemment, en 2017. Ils sont situés à :

  • Fos-sur-Mer (terminaux de Fos-Tonkin et de Fos-Cavaou) ;
  • Montoir-de-Bretagne ;
  • Loon-Plage.

Le GNL, une source de gaz naturel en plein essor

Si en Europe, l’approvisionnement en gaz se fait majoritairement via les gazoducs, il faut tout de même reconnaître que les méthaniers (et le GNL) sont en plein essor. En 2020, le gaz naturel liquéfié représentait 43 % des importations de gaz en France. Des importations qui ont accéléré en 2019 et 2020, et sont devenues essentielles pour expliquer le prix du gaz en Europe.

Mais d’où vient ce GNL ? Celui distribué en France provient principalement de :

  • Russie (25,6 %) ;
  • Algérie (21,8 %) ;
  • Nigeria (21,6 %) ;
  • États-Unis (13 %) ;
  • Qatar (10 %).

Mais attention, ces approvisionnements et leur origine varient chaque semaine. La raison ? Chaque bateau méthanier est libre de choisir son port de destination en fonction du prix des marchés à l’instant T.

La concurrence entre l’Asie et l’Europe

Les méthaniers peuvent desservir un marché plus ou moins émergent, à savoir l’Asie. Grâce au canal de Suez, ils peuvent traverser pour vendre leurs chargements de GNL lorsque le prix du marché asiatique est plus élevé qu’en Europe.

D’ailleurs, la demande de GNL en Asie – en particulier en Chine – a explosé ces dernières années.

Entre 2010 et 2020, les importations de GNL en Chine ont connu un bond sans précédent avec une progression de 946 % ! Conséquence : le marché du GNL doit jongler entre la demande européenne et la forte demande asiatique. Aussi, la moindre augmentation côté Asie entraîne une hausse des prix en Europe, du fait du déficit de GNL.

Le saviez-vous : si vous suivez notre analyse hebdomadaire des prix, ce sujet devrait vous évoquer quelque chose. Nous avons abordé la flambée de la demande – et des prix – sur le marché asiatique presque chaque semaine dans nos Weekly.

L’impact de l’approvisionnement en GNL sur le prix du gaz naturel

L’Asie et l’Europe se disputent le prix du GNL par le biais de leurs indicateurs de référence des prix du gaz, sur leurs marchés respectifs :

  • le TTF (pour Title Transfer Facility) en Europe ;
  • le JKM (pour Japan Korea Marker) en Asie.

Ajoutons à cela le fait que les méthaniers choisissent systématiquement la destination la plus rentable, et qu’ils ont la possibilité de changer de destination en cours de route si le jeu en vaut la chandelle. 

En d’autres termes, si le JKM est plus élevé que le TTF, les navires prendront immédiatement la mer en direction de l’Asie pour y vendre leur cargaison de GNL. En réponse, le TTF fera en sorte de gonfler son offre de prix pour dépasser le JKM.

En somme, le « Vieux continent » et l’Orient se livrent une guerre des prix, conduisant à une tension de l’offre de part et d’autre… Conséquence : l’approvisionnement en gaz en Europe est fortement impacté, et les prix continuent d’augmenter.

 

L’approvisionnement en gaz par gazoducs est insuffisant, et la demande en GNL influence grandement le prix du marché. La concurrence frontale de notre continent avec l’Asie vient jeter de l’huile sur le feu. Dans ce contexte, force est de reconnaître que l’Europe traverse un épisode de vulnérabilité énergétique !