Les portes de l’enfer du désert de Karakoum

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Les portes de l’enfer ne sont pas qu’une statue de Rodin. Elles existent bel et bien sur Terre. En effet, elles se trouvent au Turkménistan. En plein cœur du désert du Karakoum, dans la région de Darvaza, un brasier de méthane brûle en continu.  Mais comment expliquer ce phénomène ? Depuis quand existe-t-il ? Quels sont les conséquences sur la production de gaz turkmène ? L’équipe du MaGAZine fait le point. 

Une expédition scientifique qui tourne au chaos

Tout commence en 1971, le Turkménistan fait alors partie de l’URSS. Des géologues soviétiques partent chercher des hydrocarbures dans le désert de Karakoum. Ils sont persuadés d’y trouver du gaz et du pétrole. Et leur instinct ne les trompe pas ! Ils trouvent effectivement une poche de gaz naturel. 

C’est là que les ennuis commencent. Le forage est entamé au mauvais endroit : sur le plafond de la poche de gaz ! L’opération à peine lancée, voilà que tout s’effondre. Les hommes s’enfuient laissant alors le matériel sur place. En quelques minutes, voilà l’appareil de stockage au fond du trou. Impossible de le récupérer, le cratère mesure 30 mètres de profondeur et 70 mètres de diamètre. Mais plus dangereux encore, il dégage une quantité très importante de gaz. 

L’incendie comme unique recours aux portes de l'enfer

En l’état, impossible d’exploiter la poche de gaz. Mais impensable de laisser la situation dégénérer ou de rester sur place. Les risques d’explosion sont grands. Côté santé, c’est également une catastrophe. Le méthane, en se libérant, chasse l’oxygène multipliant ainsi les risques d’asphyxie. 

Pour mettre un terme à cette déconvenue industrielle et ce désastre environnemental, nos scientifiques décident d’avoir recours au torchage. Littéralement, ils incendient volontairement le cratère, en pensant que le feu s’éteindra en quelques semaines. Mais là encore, ils se trompent !

Aujourd’hui, le stock de gaz n’est toujours pas épuisé. Le feu continue à brûler, plus ardent que jamais. 

La vie des portes de l’enfer 

Le Turkménistan a réussi à en faire un atout ! Les portes de l’enfer sont d’ailleurs ouvertes au public. Elles contribuent en cela au développement du tourisme du pays. Malgré les risques et l’odeur désagréable de soufre, on ne trouve sur le site aucune barrière de protection. Les voyageurs peuvent même camper à proximité. 

Outre l’aspect touristique, ce site a bénéficié d’un regain d’intérêt de la part de la communauté scientifique. En 2013, le présentateur de télévision et aventurier canadien George Kourounis est descendu dans le trou pour prélever des échantillons. Après analyse, les laboratoires ont découvert que les organismes vivants vivaient dans cette chaleur. 

Quelles réserves de gaz au Turkménistan ? Quelle incidence sur l’exploitation du gaz ? 

Le Turkménistan est un pays très riche en gaz. S’il on en croit la British Pétroleum, il dispose de 17 500 milliards de m3 de réserves prouvées, soit 9,4% des réserves mondiales. 

Le gouvernement turkmène compte bien continuer à exploiter ces ressources. En 2010, le Président de l’époque a donc annoncé vouloir prendre toutes les mesures nécessaires pour que l’incendie n’endommage pas les autres réserves de gaz. Un effet d’annonce plus qu’autre chose ! Rien n’a pour l’instant été mis en œuvre pour sécuriser le site…