L’hydrogène est-il la clé de la transition énergétique ?

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Décarboner l’énergie, voilà la grande ambition de l’Union européenne et de ses Etats-Membres. Si l’objectif de neutralité carbone n’a pas été fixé, les institutions communautaires souhaitent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40% à horizon 2030 (par rapport au niveau 1990). 

Si les énergies vertes semblent être le moyen privilégié, de nombreux scientifiques et économiques s’accordent à dire qu’elles ne peuvent pour l’instant couvrir l'intégralité des besoins. C’est pourquoi, moins polluant que le charbon et le pétrole, le gaz naturel a un rôle à jouer dans la transition énergétique. En effet, il est possible de l’utiliser pour fabriquer de l’hydrogène, une énergie propre, afin de réduire les émissions de CO2, grandement responsables du réchauffement climatique.

Produire de l’hydrogène à partir du gaz naturel

Avant d’entrer dans des détails plus techniques, il convient de rappeler que le gaz naturel est essentiellement composé de méthane (CH4). Conformément à l’adage de Lavoisier, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Via une technique de pyrolyse du méthane (CH4), le gaz naturel se sépare donc en deux composantes : d’un côté deux molécules d’hydrogène (H2), de l’autre du carbone solide (C).

Les premières peuvent être utilisées comme énergie de transport et de chauffage. Elles sont également à même d’être réservées à des applications industrielles. Le carbone solide, quant à lui, peut servir à l’industrie, en faisant office de matière première. Cette technique a d’ailleurs un bel avenir devant elle. Si l’on en croit le cabinet McKinsey, au niveau mondial, la consommation d’hydrogène pourrait représenter presque un cinquième de la demande en énergie finale à horizon 2025.

L’Hythane, une alternative pour répondre aux objectifs climatique de l’UE ?

Dans ce contexte, afin de s’engager davantage dans la transition énergétique, Gazprom envisage d’avoir recours à l’hydrogène. En mélangeant du méthane et de l’hydrogène, l’entreprise pourrait créer un nouveau gaz, l’Hythane, qui se substituerait en partie au gaz naturel.

Relativement pauvre en gaz carbonique, il pourrait aider l’Union européenne à atteindre ses objectifs en matière de politique environnementale. En remplaçant, les énergies fossiles telles que le charbon et le pétrole par ce nouveau gaz, notamment dans les secteurs de la production d’énergie et des transports, il serait possible en 2030 de réduire de 45 à 51% les rejets de gaz à effet de serre de l’Union européenne par rapport au niveau 1990. Toutefois, pour arriver à ce résultat, il faudra que les instances politiques fassent du développement de l’hydrogène une priorité.

En France, quelle place pour l’hydrogène ?

Il semble d’ailleurs que la France ait mesuré l’importance que pourrait prendre l’hydrogène. Impulsé par Nicolas Hulot, alors Ministre de la Transition Écologique et Solidaire, le plan hydrogène a été présenté le 1er juin 2018. Il prévoit un budget de 100 millions d’euros par an, pendant 5 ans, pour développer la filière, notamment dans le secteur de la mobilité.

Cet appui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Hexagone et la pollution urbaine. De plus, ce plan fixe un objectif de 20 à 40% de consommation d’hydrogène décarboné d’ici 2028 dans le secteur. Toutefois, sur le long terme, les lignes budgétaires restent assez « floues » si l’on en croit certains acteurs du secteur.

D’après Jannis Burger, consultant senior énergie chez Colombus Consulting, la France doit clarifier son soutien financier à l’hydrogène dans les années à venir pour « donner une meilleure visibilité aux industriels afin de s’assurer de réaliser les objectifs du Plan Hydrogène français ».