Chute du prix du pétrole : quel impact sur le gaz naturel ?

Historiquement, le prix du gaz naturel était indexé sur le prix du pétrole. Actuellement, bien que l’indexation tende à s’estomper du fait de la liquidité du marché, le pétrole reste un drivers du gaz naturel. On constate notamment que les cours des deux ressources énergétiques ont baissé ces dernières années. Ces évolutions concomitantes ont-elles vraiment un lien ? Quelle énergie influence l’autre ? Le maGAZine étudie ces questions !

Sommaire

La chute du prix du pétrole

Depuis 2008, le prix du pétrole est en chute libre. Le baril coûtait alors 146 dollars. Depuis ce pic historique, les pays exportateurs ont cessé de se frotter les mains : le prix du baril de pétrole a progressivement reculé, tombant à 125 dollars en 2010-2011, puis à 112 dollars en 2014. Début 2015, il a continué sa chute, s’effondrant d’abord à 55 dollars, avant de plonger davantage 6 mois plus tard, flirtant avec la barre des 30 dollars (34,7 dollars) à la bourse de New York. Aujourd’hui, le prix du baril de pétrole est légèrement remonté : en novembre 2017, il dépasse les 63 dollars. Résultat : le baril a perdu plus de 50 % de sa valeur en moins d’une dizaine d’années.

Comment expliquer la baisse du prix du pétrole ?

Si le prix du pétrole a autant baissé, ce n’est pas à cause d’une raréfaction de son usage, bien au contraire. Le pétrole demeure la première source d'énergie dans le monde. Il satisfait en effet 32 % des besoins en énergie de la planète. Le coût du baril dépend de nombreux facteurs :

  • la fluctuation de l’offre par rapport à la demande, la première ayant eu tendance à s’emballer quand la seconde restait stable ;
  • les décisions prises par l’OPEP quant au niveau des exportations ;
  • les contextes juridiques et politiques nationaux, voire régionaux ;
  • les éventuelles crises dans les pays exportateurs ;
  • les découvertes avérées de nouveaux gisements ;
  • les rumeurs puis démentis quant à des découvertes de nouveaux gisements ;
  • le renouvellement de l’offre en énergies alternatives et durables ;
  • la qualité du brut ;
  • la provenance du baril ;
  • les évolutions des coûts d’exploration des gisements…

▴ Une « OPEP du gaz » est-elle envisageable ?

Tous ces indicateurs n’ont pas été favorables au prix du baril de pétrole depuis 2008. L’or noir a ainsi eu de moins en moins les faveurs des investisseurs, faisant baisser les cours à la bourse de New York… Et à la pompe en France ? Pas vraiment. Si le prix du litre d’essence a légèrement baissé, les variations dans les stations-services n’ont pas connu la même ampleur. La cause ? Le tarif d'un litre de carburant est composé à 60 % de taxes pour 10 % de frais de transport et 30 % de prix du brut. De fait, les baisses de prix à la pompe sont toujours inférieures à celles du brut !

▴ Le rôle des taxes dans le prix du gaz naturel ▴

Le prix du gaz indexé sur celui du pétrole

Historiquement, les tarifs du gaz naturel et du pétrole sont liés : le premier est indexé sur le second et il suffit de mettre en regard les courbes de prix du pétrole et du gaz pour constater que ce lien, même s’il peut avoir tendance à s’estomper, n’est pas près de disparaître totalement.

Mais par quel mécanisme ? Les ministères de l’Économie, de l’industrie et du numérique, ainsi que des Finances et des comptes publics expliquaient dans le numéro 168 de la Lettre Trésor-Eco, d’avril 2016 : « La baisse du prix du pétrole affecte l'ensemble des produits énergétiques, notamment les prix du gaz, par l'intermédiaire des prix de gros : les fournisseurs de gaz s'approvisionnent historiquement auprès des producteurs selon des formules indexées sur le cours du pétrole et sur l'évolution des contrats à terme ».

 ▴ Quel rapport entre le Brent et le gaz naturel ? ▴

Néanmoins, il serait réducteur de considérer le pétrole comme seul responsable des variations de prix du gaz naturel. En effet, en 2014, la formule tarifaire du prix du gaz naturel a été revue pour que la part d’indexation sur le cours du pétrole soit affaiblie, au profit des marchés du gaz. Ceux-ci ne représentaient que 10 % du cours en 2010, puis 46 % en 2014, pour atteindre enfin 60 % aujourd’hui.

D’autres drivers majeurs sont également à ne pas oublier :

  • Les températures extérieures, qui jouent sur les consommations des ménages comme des professionnels. Ainsi, une vague de froid va entraîner une demande plus importante que prévu et une augmentation des prix du gaz naturel.
  • La consommation d’électricité. Une vague de chaleur entraîne des besoins en climatisation plus importants et donc une consommation d’électricité plus importante, satisfaite notamment par des centrales qui fonctionnent au gaz naturel. Résultat ? La demande de gaz s’envole, et les prix aussi.
  • La quantité de gaz naturel disponible. Production, épisodes de maintenance, livraisons reportées ou avancées… Le niveau de l’offre impacte directement le prix du gaz naturel.
  • Le taux de change. Si l’euro s’affaiblit par rapport au dollar, alors il faut plus de monnaie européenne pour acheter du gaz vendu en billets verts. Alors les prix augmentent. Et inversement !
  • La situation géopolitique et macroéconomique mondiale.

▴ Les principaux drivers du prix du gaz, en images ▴

Prix du pétrole & gaz : un lien pas si évident

Historiquement proches, les prix du pétrole et du gaz naturel semblent aujourd’hui avoir moins d’impact direct l’un sur l’autre. Les évolutions de ces deux sources d’énergie conditionnent néanmoins leur attractivité respective sur les marchés. Elles jouent également sur les investissements consentis pour leurs extractions.

Par exemple, beaucoup de projets ont été abandonnés par les compagnies pétrolières, en particulier dans des zones où aucune exploitation n’est pour l’instant installée – principalement l’Arctique, où se trouve selon les derniers rapports 15 % du pétrole et 30 % du gaz à découvrir sur la planète. Par exemple, BP, Chevron, ExxonMobil ou encore Shell ont annoncé stopper les forages en Alaska – les coûts de tels projets (plus de 20 milliards d’euros) ne pouvant pas être supportables avec un cours du pétrole aussi faible !

Liés mais pas interdépendants, les cours du pétrole et du gaz naturel ont énormément évolué ces dernières années. Pour autant, le prix du gaz n’est pas indépendant : il est toujours influencé par 6 drivers principaux, détaillés dans notre infographie !

Source de l'image à la Une : Pixabay - werner22brigitte