Où en est la filière nucléaire en France ?

Vous commencez à en avoir l'habitude, sur le maGAZine, nous parlons de gaz naturel bien sûr, mais aussi des autres sources d'énergie, pour vous accompagner au maximum dans vos problématiques professionnelles ! Aujourd'hui, c’est un nouveau secteur que nous passons au peigne fin : celui du nucléaire en France. Combien de réacteurs fonctionnent actuellement ? Pour quelle puissance délivrée ? Que vont changer les dernières lois et directives européennes ? Le maGAZine vous explique tout !

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Le nucléaire en France : 8 chiffres pour tout comprendre

En France - et contrairement à certains de nos voisins, comme l'Allemagne -, ce sont les centrales nucléaires qui assurent l'essentiel de la production d'électricité. Voici les principaux chiffres à retenir sur la filière nucléaire hexagonale :

  • 19 : c'est le nombre de centrales nucléaires actuellement en activité.
  • 58 : c'est le nombre de réacteurs répartis sur les 19 centrales nucléaires. Leur puissance ? 4 de 1 400 MW, 20 de 1 300 MW et 34 de 900 MW. À noter : 12 réacteurs sont arrêtés, dont 9 en cours de démantèlement.
  • 1er : c'est le classement de la France, dans le monde, si l'on compare le parc nucléaire installé par rapport à sa population. Si l'on ne s'intéresse qu'à la seule production d'énergie nucléaire, la France se classe deuxième, derrière les États-Unis et devant la Russie.
  • 416,8 TWh : c'est la puissance produite par le parc nucléaire français en 2015, selon les chiffres de RTE.
  • 77 % : c'est ce que représente le nucléaire dans la production totale d'énergie en France. Loin devant l'hydraulique (12,6 %), les centrales thermiques à combustibles fossiles (5 %), l'éolien (3,1 %) et le photovoltaïque (1,1 %).
  • 220 000 : c'est le nombre de salariés concernés par l'activité nucléaire en France. Il s'agit de la troisième filière industrielle nationale, derrière l'aéronautique et l'automobile.
  • 2 500 : les 220 000 personnes employées dans la filière nucléaire travaillent pour 2 500 entreprises différentes.
  • 0 : c'est le niveau d'émission de CO2 d'une centrale nucléaire en fonctionnement. Le panache visible qui sort des centrales est constitué de vapeur d'eau. Les risques liés à une telle installation ne sont toutefois pas nuls ; c'est pourquoi le débat sur la place du nucléaire en France - et dans le monde - est animé.

Objectif : 50 % en 2025

Pour l'avenir, nucléaire ou pas nucléaire ? Le gouvernement et la commission européenne ont tranché. La loi sur la transition énergétique pour une croissance verte prévoit en effet d'abaisser à 50 % la part du nucléaire dans le mix électrique d'ici 2025. La capacité du parc nucléaire a été plafonnée à 63,2 GW. EDF a même revu à la baisse son objectif de production d’électricité nucléaire pour cette année, le passant de 408-412 TWh à 395-400 TWh.

Un vieillissement "prévisible et maîtrisé" des centrales ?

Les prochaines années s'annoncent déterminantes pour le parc nucléaire français. En effet, certaines centrales "fêteront" bientôt leur 40e anniversaire : celles de Fessenheim 1 et 2 ont été connectées au réseau électrique en 1977, celles de Bugey 2 et 3 en 1978. Si la réglementation européenne n'a pas défini de durée de vie maximale pour un centrale nucléaire, EDF doit faire valider par l’Autorité de Sûreté Nucléaire, tous les 10 ans, une autorisation d'exploitation. Et pour cela, l'opérateur historique doit démontrer que leur vieillissement est "prévisible et maîtrisé".

Entre vieillissement des installations et objectifs d'abaissement de la production, le démantèlement des centrales à l'arrêt va par ailleurs devenir, de facto, un enjeu de taille pour l'avenir de l'énergie en France. Une telle opération peut en effet prendre plusieurs dizaines d'années et mobiliser de nombreuses technologies. Sur le seul plan financier, le coût total du démantèlement du parc à l'arrêt est estimé à quelque 60 milliards d'euros, répartis de la façon suivante :

  • 29 milliards d’euros pour la gestion à long terme des déchets ;
  • 26 milliards d’euros pour les opérations de déconstruction ;
  • 4 milliards d’euros pour les derniers cœurs.

Enfin, si certaines centrales nucléaires en viennent à une durée de vie de 40 ans, les premières devraient être remplacées dans le courant des années 2020. Elles miseront sur une technologie plus performante, celle des EPR (pour Réacteur pressurisé européen) : le premier EPR est en cours de construction à Flamanville et pourrait être mis en service à la fin de l'année 2018. À plus long terme, une 4e génération de réacteur nucléaire pourrait être mise en service... aux alentours de 2040.

Choix fort du gouvernement dans les années 1970, le secteur nucléaire est à la croisée des chemins : certains réacteurs sont en cours de démantèlement, des centrales s'apprêtent à ouvrir... le tout dans un contexte de limitation de son poids dans le mix énergétique.

Source de l'image à la Une : Flickr (Mike Boening Photography)